Maurice Pinguet était un connaisseur du Japon hors-pair. Savant et spontané, cultivé sans être pédant, simple sans cesser d’être brillant, il se méfie des formules et des pensées toutes faites, des expressions rutilantes : il cherche en même temps la sobriété et la vivacité, la souplesse et la rigueur. C'est par les portraits de ses amis que nous avons choisi d’ouvrir ce recueil. Portraits soignés, parfois insolites, souvent poignants, ils restituent mieux que bien d’autres l’atmosphère intellectuelle à l’orée de cette deuxième moitié du XXe siècle qui allait voir le déploiement d’œuvres parmi les plus exigeantes du siècle, dans leur puissance d’analyse comme de contestation, dont nous avons encore aujourd’hui tant besoin. « L’intelligence pensive » de Barthes, le rire de Foucault, le « savoir incandescent » de Lacan dans la souplesse de sa parole... : en quelques mots, Pinguet sait faire resurgir une époque mais aussi en montrer les ramifications contemporaines et les enjeux pour la pensée.
Maurice Pinguet (1929 - 1991) a publié en 1984 La mort volontaire au Japon, essai qui fit date. Directeur de l’Institut franco-japonais de Tokyo de 1963 à 1968, il y invita Roland Barthes qui écrivit, après son séjour, L’Empire des signes qui lui est dédié. Il enseigna à la Sorbonne de 1968 à 1969, puis à partir de 1979 successivement aux Universités Tôdai et Waseda de Tôkyô.
De Maurice Pinguet, grand connaisseur du Japon, on pourrait dire exactement ce que lui-même écrivait de son ami Roland Barthes : « Le travail intellectuel est souvent comparable à l'agriculture la plus sédentaire : on se taille un champ bien borné, on le laboure pesamment pendant des années, puis on engrange la récolte du savoir avec la satisfaction d'un propriétaire – sans jamais lever les yeux vers l'horizon. La pratique de Barthes est bien différente, c'est une pratique mobile, vagabonde. Il voyage en nomade d'un domaine à l'autre. Il se plaît à naviguer et multiplie les échanges et les emprunts. » C'est par trois hommages à des visiteurs émérites du Japon que s'ouvre ce recueil: Barthes, donc, mais aussi Foucault et Lacan. Savant et spontané, cultivé sans être pédant, Pinguet sait partager avec eux, comme avec nous, son expérience de la vie quotidienne, de l'esthétique et de la culture japonaises. Maurice Pinguet (1929-1991) a publié en 1984 La Mort volontaire au Japon, essai qui fit date. Directeur de l'Institut franco japonais de Tôkyô de 1963 à 1968, il y invita Roland Barthes qui écrivit, après son séjour, L'Empire des signes, qui lui est dédié. Il enseigna à la Sorbonne de 1968 à 1979, puis à partir de 1979 successivement aux universités Tôdai et Waseda de Tôkyô.