Pendant plus de vingt ans, Charles R. Darwin travailla sur la question de l’origine des espèces, ce « mystère des mystères ». D’abord partisan de la stabilité des espèces, il finit par être convaincu de leur mutabilité progressive. Cette thèse était radicale, l’admettre était « comme confesser un meurtre ». Après un premier manuscrit, rédigé en 1844, le naturaliste anglais finit par publier, en 1859, un « résumé » de sa théorie : c’est le livre connu sous le titre de L ’ Origine des espèces .
Ce texte connaîtra, du vivant de Darwin, six éditions successives et les deux tiers des phrases en seront modifiés. Dès lors, quelle édition faut-il lire ? La sixième et dernière édition (1872) passa longtemps pour être la formulation ultime du message que Darwin adressa à la postérité. Aujourd’hui, cependant, le public anglophone se tourne massivement vers la première édition : la version originale de 1859, celle « qui a ébranlé les bases du monde » selon le mot d’Ernst W. Mayr.
C’est donc le texte originel de Darwin que cette traduction met à la disposition des lecteurs francophones. Ce volume offre une véritable édition scientifique de L’Origine. Les nombreuses notes permettent de décoder les références implicites de Darwin et rendent accessibles de nouvelles découvertes faites dans ses manuscrits et sa correspondance.
Thierry Hoquet
Professeur à l’université Jean Moulin Lyon-3, est spécialiste de l’histoire et de a philosophie de la biologie. Il est l’auteur, notamment, de Darwin contre Darwin (Seuil, 2009) et vient de traduire Le Gène généreux , de Joan Roughgarden (Seuil, 2012).
Cette nouvelle traduction part du constat suivant : il y a des différences majeures entre la première édition de L’Origine des espèces, parue en 1859, et la 6e édition parue en 1872. Après avoir longtemps privilégié la dernière édition, le public anglophone lit désormais la première depuis maintenant plus d’un demi-siècle. Or, on ne dispose pas à ce jour d’une bonne traduction française de ce texte sur l’importance de laquelle les spécialistes s’accordent aujourd’hui : « la version qui a ébranlé les bases du monde », selon Ernest Mayr (1964). Il s’agit donc ici de la première traduction moderne de l’édition initiale de L’Origine, assortie de notes qui permettent de décoder les nombreuses références implicites de Darwin, en rendant accessible au public français une grande partie des nouvelles découvertes faites dans les manuscrits du naturaliste anglais.