Descripción
Lettre autographe signée d'Eduardo Leoncio Juan Jonquières (1879-1962), médecin argentin d'origine française, dermatologue de renommée mondiale, frère de l'éditeur Henri Jonquières (1895-1975), à son beau-frère l'éditeur Georges Crès (1875-1935) qui avait épousé sa soeur Amélie Jonquières (1883-1958) dont il est d'ailleurs question dans la lettre. 1 double f., 4 p., monogrammée EJJ [Eduardo Juan Jonquières], envoyée de Buenos Aires, en Argentine, le 4 novembre 1930 et reçue par Georges Crès le 30 novembre 1930. Très importante lettre historique au coeur du coup d'état de 1930, en Argentine, auquel Jonquières a pris part : "Le 5 septembre j'achetais un joli Winchester avec 100 cartouches, car la révolution était dans tous les esprits et je me mis à la disposition du parti Socialiste Indépendant qui, de toute l'opposition, me paraissait le plus combatif. Le 6 au matin, en allant à l'hôpital, la police me fouilla 3 fois, ainsi que mon auto. Dès lors je compris que les choses se précipitaient. J'accours à la faculté où on veillait le corps d'un étudiant, tué l'avant-veille au cours d'une manifestation, et là j'appris que le Général Uriburu, venait sur la capitale avec l'École Militaire et invitait le peuple à se joindre à lui pour renverser Yrigoyen. Me voilà galopant avec d'autres galopinos (et accroché à ma carabine), au devant de la troupe révolutionnaire. A Palermo, je palabre avec un lieutenant de la Garde qui allait nous tirer dessus et j'obtiens qu'il restât tranquille avec ses hommes. Et l'après-midi nous dévalons en avalanche vers le centre de la ville. C'était du délire ; on chante, on crie. J'étais arrivé dans l'avenue de mai, quand tout à coup, du Congrès, du journal officiel, du Comité yrigoyeniste, de diverses maisons particulières on fait un feu de mitrailleuse sur le peuple ! Je m'abrite derrière une auto. Mais le pare-brise vole en éclats et je comprends que cela n'est pas un bon refuge ! Le feu dure une demi-heure et enfin cesse, car les cadets envoient quelques coups de canon sur le Congrès (à une distance de 100 mètres !) et les gens, armés de revolvers ou de fusils ripostent et mettent en fuite les policiers, seuls soutiens du pouvoir déchu. La révolution a été faite par le peuple entier qui a vomi, n'en pouvant plus, le Président le plus inepte et canaille, que depuis le fameux tyran Rosas, l'Argentine a connu. [.] Mais enfin la situation est stabilisée et les belles fripouilles de ministres ont pris la poudre d'escampette, tandis que le sénile abruti, a bord d'un cuirassé ancré en rade, à 10 kilomètres de Buenos Aires, peut réfléchir sur l'instabilité des choses humaines et du plancher, quand le "pampero" souffle sur le Rio de la Plata !". N° de ref. del artículo ABE-1644493148017
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