Descripción
[BAUDELAIRE] VERLAINE, Paul (1844-1896) Lettre autographe signée « Paul Verlaine » à Léon Deschamps Paris, le 19 octobre 1890, 1 p. in-8 Trace d ancien montage sur onglet au verso ; pliure atténuée ; petit manque en marge supérieure restauré au papier Japon (atteinte à deux lettres), voir scan - Fameuse et très émouvante lettre publiée en forme de « tribune libre » dans La Plume du 15 novembre 1890 sous le titre L Enterrement de Baudelaire - - « Mon cher Deschamps, En lisant dans votre dernier numéro le si éloquent article de Cladel, je me suis remémoré une visite à la tombe de Baudelaire que je fis il y a cinq ans en Compagnie de Charles Morice. J étais allé au cimetière Montparnasse pour porter une couronne à une personne qui me fut quelque chose comme Maria Clemns fut à Edgar Poe*. Ce devoir presque filial accompli, mon cher Morice et moi, nous nous enquîmes de la tombe de Baudelaire ; mais, comme je savais que le grand poète était inhumé dans la sépulture du général Aupick, nous n eûmes pas à nous heurter à toutes les navrantes (et honteuses pour un pays) ignorances constatées par l auteur d Ompdrailles, et nous pûmes bientôt mélancholier et ratiociner devant la stèle mesquine sous quoi dort tant de gloire littéraire et par surcroît, si l on veut, militaire… et diplomatique !! Bien des années auparavant, j avais accompagné, moi tout jeune et tout obscur, le cercueil de Baudelaire, depuis la maison de santé jusqu à la nécropole, en passant par la toute petite église où fut dit un tout petit service d après-midi. L éditeur Lemerre et moi marchions les premiers derrière le corbillard que suivaient parmi bien peu de gens, Louis Veuillot, Arsène Houssaye, Charles Asselineau et Théodore de Banville. Ces deux derniers prononcèrent quelques paroles d adieu. Au moment où on descendait le cercueil dans le caveau, le ciel qui avait menacé toute la journée, tonna, et une pluie diluvienne s ensuivit. On remarqua beaucoup l absence à ces tristes obsèques, de Théophile Gautier, que le Maître avait tant aimé, et de M. Leconte de Lisle qui faisait profession d être son ami, en dépit des relations, un peu ironiques de la part de Baudelaire, qui avaient existé entre le défunt et le barde créole. J ai cru de quelque intérêt de vous envoyer ces notes qui ne me rajeunissent guère, bien que, je le répète, je fusse fort jeune à l époque dont je parle. Faites de ma communication ce que vous voudrez, et vale. Paul Verlaine » - Verlaine, alors âgé de vingt-trois ans, avait en effet suivi le cortège funèbre de Baudelaire le 2 septembre 1867. Il nota ses premiers souvenirs le 7 septembre suivant dans La France artistique. Suscitée par un article de Léon Cladel paru le 15 octobre dans cette même revue, cette lettre fut reprise dans les uvres posthumes de Verlaine, publiées par Messein et figure dans ses uvres en prose complètes. Verlaine fut le véritable initiateur de la première génération poétique issue de l auteur des Fleurs du Mal, qui eut avec Rimbaud et Mallarmé, ses plus grands successeurs. N° de ref. del artículo ABE-1640805143954
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