Spaghetti Intégrale - tome 1 - Spaghetti Intégrale (SPAGHETTI (INTEGRALE), 1) - Tapa blanda

À l'origine, Dino Attanasio a conçu ce petit personnage moustachu, au fort accent italien et toujours tiré à quatre épingles comme une caricature de lui-même. Bien vite, René Goscinny s'en mêle et les petits gags se muent en grandes aventures, sans jamais se départir d'un comique de situation incroyable. Sans non plus tomber dans la bande dessinée politique, un savoureux commentaire social se dessine au fil des péripéties de cet immigré exerçant une pléthore de métiers pour tenter de trouver sa place dans le Paris des années 1950. C'est encore une pépite méconnue que vous propose Le Lombard en entamant la réédition complète de cette série datant de la « période belge » de Goscinny. En effet, avant de fonder « Pilote » avec Uderzo et Charlier, le célèbre scénariste a longtemps oeuvré dans les pages du journal « Tintin ». Le « Signor Spaghetti » est l'un des fruits de cette période. Si les premiers gags jouent davantage sur le comique de répétition, l'arrivée du scénariste marque le début d' histoires plus développées, qui mettent l'accent sur les rebondissements multiples, à la manière d'un cartoon. La volonté de mettre la société française en face d'un miroir déformant n'est peut-être pas aussi présente qu'elle le sera dans « Astérix », mais, à lire les réactions des personnages secondaires face à ce petit « Rital », on ne peut s'empêcher de penser que rien n'arrive par hasard... Ce Tome 1 reprend une vingtaine d'histoires courtes restées à ce jour inédites en albums, ainsi que « Spaghetti et l'Émeraude rouge » et « L'étonnante Croisière du Signor Spaghetti ». Chaque tome est assorti d'un dossier illustré réalisé par Jacques Pessis.

Impossible de parler bande dessinée sans que, rapidement, ne ressorte le nom de René Goscinny. Ayant grandi en Amérique du Sud, il tente de se faire un nom comme « cartoonist » à New York, en 1946, au moment même où Harvey Kurtzmann et sa bande lancent le célèbre Mad Magazine. Ce mélange d'observations sociétales et d'humour marque le jeune Goscinny, qui en fera sa marque de fabrique une fois débarqué en Europe. Il y fait rapidement la connaissance des Franquin, Morris et autres Uderzo, tout ce petit monde travaillant pour l'agence World Press de Georges Troisfontaines. Goscinny décide alors de se consacrer au scénario. Stakhanoviste de la machine à écrire, il signe des planches pour tous, ainsi que de nombreux articles, et les célèbres chapitres de la vie du Petit Nicolas. En 1956, avec Charlier et Uderzo, il tente une fronde pour obtenir un réel statut en tant qu'auteur de B.D. Peine perdue, les trois hommes choisissent de retourner dans leur pays natal, la France. Grand bien leur en prend puisque, bien décidés à ne pas laisser tout ce talent se perdre, ils créent le journal Pilote. Son fer de lance ? Un petit gaulois moustachu qui permet à Goscinny de laisser parler son oeil mordant et son talent pour les jeux de mots. La suite appartient à l'histoire. En tant que rédacteur en chef, il a contribué à élargir les horizons de la bande dessinée. En tant qu'auteur, il est tout simplement le premier à avoir imposé la B.D. comme digne de l'attention des médias « sérieux ». Inutile de dire que sa disparition prématurée, en 1977, laisse un vide impossible à combler, mais une large brèche dans laquelle s'engouffrer !