L'homme à la bombe (PR.RI.PF.POLIC.)

Larry est ingénieur acousticien mais, restructurations obligent, il a perdu son emploi et, à quarante ans passés, n’intéresse plus les employeurs. Pourtant, il a une femme et une fille à nourrir. Il essaie de décrocher n’importe quel travail de manutentionnaire, en vain. Trop diplômé. Et il est noir, ce qui ne joue pas en sa faveur. Alors, comme beaucoup de travailleurs au chômage qui menacent « de tout faire sauter », il fait une bêtise, fabrique une bombe. Elle est fausse mais seul lui le sait, et en attendant, son pouvoir de persuasion est immense, surtout dans les bureaux de poste qu’il se met à dévaliser. Il tombe un jour, au cours d’un braquage, sur une fille à la tignasse rouge qui est venue faire la même chose que lui. C’est Lu. L’ancien cadre et père de famille va alors devenir un bandit en cavale.

Christian Roux s’est fait connaître des amateurs de noir avec Braquages (Prix du 1er Polar SNCF et Prix Polar dans la ville 2003). Il a déjà signé chez Rivages Les ombres mortes, beau roman aux personnages ambigus. Comme dans ses précédents livres, il s’attaque de front à la question de la violence qu’il n’hésite pas à exposer pour la dénoncer avec une indignation vibrante. Que ce soit la violence infligée par la société à ceux qui se rebellent contre elle, la violence infligée aux enfants, ou celle que les victimes de la guerre (les « Kadogos » du titre désignent les enfants soldats en swahili) infligent à leur tour quand ils deviennent bourreaux.
Alternant différents points de vue et temporalités, ce roman intriguant, à la construction brillante, est un vigoureux plaidoyer pour le retour à l’humain dans un monde où l’homme est indéniablement devenu marchandise.