Lyon et Dragons - Tapa blanda

L'ensemble de plaques émaillées qui ornaient les dessiccateurs utilisés à la Condition des soies pour déterminer le poids marchand de la matière première utilisée par les tisseurs lyonnais présente une étrange iconographie. Les étapes traditionnelles de la sériciculture chinoise, telle qu'elle est pratiquée de manière ancestrale en Extrême-Orient, s'y marient avec les armes de la ville de Lyon, comme si les routes de la soie trouvaient leur aboutissement dans la grande soierie lyonnaise. Et rien ne laisse imaginer, en contemplant ces figures d'un autre temps, d'un autre continent, qu'elles ornementaient des appareils, qui étaient, au milieu du XIXe siècle, le symbole des progrès de la technologie et de la science réunis. Car les dessiccateurs Talabot-Persoz-Rogeat constituent une véritable révolution dans le commerce et l'industrie de la soie. Ils sont le résultat de presque un demi-siècle de recherches et d'expériences, et ils peuvent être considérés comme de véritables chefs-d'oeuvre des arts appliqués à l'industrie. Des chefs-d'oeuvre ? Certainement, puisque les décors émaillés qui les décoraient ont pu être réattribués à Antoine Vollon (1833-1900), artiste lyonnais à la brillante carrière parisienne. Lyon et dragons, dessiccateurs de la Condition des soies est également une exposition qui renoue avec les origines du musée des Tissus, puisqu'il a été fondé grâce aux fonds générés par le conditionnement des soies, sur lequel la Chambre de Commerce exerçait un monopole. Les plaques émaillées de ces dessiccateurs rappellent que la Chambre de Commerce et d'Industrie de Lyon s'est toujours attachée à mener une politique sociale et culturelle de premier ordre, dont le musée des Tissus et le musée des Arts décoratifs sont aujourd'hui encore le fleuron.