Críticas:
Fantôme, folie, fantasme sont présents. La clé finale est saisissante. Le roman peut ainsi se lire à différents niveaux. Une réflexion sur le poids du passé, un suspense impeccable et implacable, un jeu cruel de temporalité, une méditation sur l'écriture. La romancière semble nous dire que c'est toujours avec des bouts de soi camouflés que l'on écrit sur la vie des autres. [...] Esprit d'hiver se termine sur une porte refermée en silence faisant écho à une autre porte refermée dans le silence. On n'a rien vu, on n'a rien entendu. Le poison de l'oubli commence son uvre destructrice. --Marie-Laure Delorme, Le journal du dimanche
L'auteur des Revenants a tiré un roman de guerre familiale, aussi violent lorsqu'elle explore les zones interdites de l'orphelinat n°2,où des bandes d'enfants sauvages guettent l'arrivée des familles américaines pour les détrousser, que lorsqu'elle décrit les accès de colère de Tatiana, l'adolescente révoltée à la peau bleue et aux eux immenses. [...] Ca catche dans le nouveau roman maniaco-dépressif de Laura Kasischke, une sonate d'hiver bergmanienne pour violoncelle et âmes blessées --Didier Jacob, Le Nouvel Observateur
Une mère et sa fille adolescente coincées chez elles le jour de Noël. Une trame minimaliste, presque douce, point de départ d'un thriller mental asphyxiant, peut-être le roman le plus inquiétant écrit ces dernières années. [...] Le halo de mystère dans lequel la romancière sculpte cet aveuglement relève du pur génie littéraire : trame amarrée à l'inconscient, peuplée de mythes déchus et de spectres enfantins, qui a le chic pour transformer en cauchemar le décor du quotidien. Kasischke cultive depuis toujours les forces les plus obscures de la fiction. [...] Elle en fait le socle d'une uvres envoûtante, aux mille sortilèges, baignée d'inquiétante étrangeté, qui ne cesse, de livre en livre, de se renouveler. --Emily Barnett, Les Inrockuptibles
Reseña del editor:
En ce matin de Noël, Holly se réveille, en retard, hantée par un funeste pressentiment : l'impression que, quand elle est partie en Russie avec son mari seize ans plus tôt pour adopter Tatiana, quelque chose les a suivis jusque chez eux. Tandis qu'Holly tente de dissiper cette angoisse inexplicable, son mari, Eric, part en hâte pour l'aéroport où il doit retrouver ses parents venus fêter Noël avec eux. Très rapidement, les incidents s'enchaînent : un blizzard fulgurant se lève et interrompt progressivement toute possibilité de circulation automobile sur les routes environnantes. Alors qu'Eric se retrouve bloqué à l'hôpital où il a dû conduire d'urgence ses parents, les autres invités se décommandent successivement. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana. Se met alors en place un huis clos hivernal au fil duquel le comportement de sa fille apparaît de plus en plus étrange et incohérent. Elle qui était toujours apparue comme une enfant sage, attentionnée, affectueuse, ne cesse depuis son réveil de lui assener des reproches. Attitude relativement classique de la part d'une adolescente, mais déconcertante de la part de Tatiana du fait de son caractère si soudain. Pourquoi a-t-elle choisi cette matinée tendue pour égrener tous ses griefs à sa mère ? L'explication est-elle à chercher du côté des années qu'elle a passées à l'orphelinat en Russie ? Aurait-elle conservé de ces moments certains traumatismes ou faiblesses de constitution qui ne ressurgiraient que maintenant ? Les sautes d'humeur incessantes de Tatiana, entre tendresse et agressivité, sont aussi marquées par des changements de vêtements qui la font passer du statut de petite fille à celui d'une adolescente très féminine et délurée. De même, ses allées et venues incessantes entre la cuisine et sa chambre ne font qu'accroître le trouble de Holly à son égard. Une série d'apparitions et de disparitions assez perturbantes pour inciter sa mère, inquiète de ses silences répétés et inexpliqués, à tenter de l'espionner, de l'autre côté d'une porte que Tatiana n'avait encore jamais verrouillée jusqu'à ce jour... Au fil de cette matinée raccourcie mais à la temporalité distendue, Holly fait défiler les souvenirs qui l'ont conduite à adopter Tatiana, les voyages en Russie effectués pour l'occasion, et à la faveur de ces souvenirs ressurgit, désormais indélébile, cette angoisse qui l'assaillit depuis son réveil. Elle rend aussi compte de certaines frustrations personnelles, comme le renoncement à l'écriture, une occupation avec laquelle elle aimerait renouer mais qui semble difficilement conciliable avec sa condition de mère, et la maladie à laquelle elle a été confrontée. Les coups de téléphone, de plus en plus lapidaires, rythment cette matinée qui tourne au cauchemar, les catastrophes météorologiques s'ajoutant aux incidents domestiques et aux interventions agressives et perturbantes de Tatiana. La tension va ainsi croissant, laissant Holly de plus en plus seule et désemparée, jusqu'à la chute finale, condensée en quelques lignes, qui bouleverse la lecture et remet l'ensemble du récit en perspective. Aussi happant qu'oppressant, Esprit d'hiver constitue un brillant huis clos au fil duquel Laura Kasischke introduit détails et indices en apparence banals et qui se révéleront glaçants. A travers ce roman dont le suspense est brillamment instillé et maintenu jusqu'à la dernière ligne, Laura Kasischke propose une réflexion sur ce que l'on refuse d'admettre, sur le déni, ainsi que sur le resurgissement des souvenirs enfouis, qui ne disparaissent jamais totalement.
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