Les cent poèmes du bonheur - Tapa blanda

Ecoutez les poètes. Ils célèbrent un beau matin de l'immortel été et invitent à goûter les fraises dans le plat de blanche poorcelaine. Eux seuls ont entendu la leçon de Jean Mairet, un contemporain de Molière : Le bonheur a cela de la mer et du flux | Qu'il doit diminuer sitôt qu'il ne croît plus. Eux seuls savent donner une forme durable à ce trésor fugace dont on ne se rassasie jamais. D'un poème à l'autre, ils révèlent un monde parfait où les charmes de la solitude croisent les douceurs de l'amitié, les mouvements de la mer, les emportements de la passion, le va-et-vient des saisons. Par la grâce de leur talent, les poètent réfutent la prétendue sagesse des adages. Les gens heureux n'ont pas d'histoire. Allons donc ! Leur richesse est immense : une maison ou un vallon, une mémoire et des objets polis par le temps qui éclairent leur vie et les protègent. Le bonheur existe et j'y crois, disait Aragon aux heures sombres. Voici cent poèmes qui lui donnent raison.

La poésie s'empare de toutes les opportunités du bonheur de la vie pour les magnifier. Il y a les bonheurs de la nature, ceux de l'amour, de la pluie, de la vie. Il y a aussi ceux de la fête, de la vie à la campagne, de l'amitié, du jeu, des saisons et des jours, du voyage, du vin, de l'exotisme, du café, du cigare, des fleurs... Ecoutez Francis Carco : « C'est merveilleux : il pleut. J'écoute La pluie dont le crépitement Heurte la vitre goutte à goutte Et tu me souris tendrement » Et connaissez-vous la recette du bonheur de Guillevic ? Prenez un toit de vieilles tuiles un peu avant midi. Placez tout à côté un tilleul déjà grand remué par le vent ; Mettez au-dessus d'eux un ciel de bleu, lavé par des nuages blancs. Laissez-les faire. Regardez-les.